Paroles de sidecariste : Gérard alias Zorgol – vice président de l’association Ural France

Le sidecar Ural a ses qualités et ses « quelques » défauts… En tout cas, il a le grand mérite de fédérer une belle communauté autour de lui ! Dans cette série d’interviews, les membres du Conseil d’Administration de notre Association Ural France, vous racontent leur relation « je t’aime moi non plus » avec ce trois-roues mythique, mais aussi leur rôle au sein de l’asso, leurs hobbies, etc… Histoire de faire connaissance.

Zorgol, notre vice-prez

Si vous êtes un adhérent, vous connaissez forcément Zorgol alias Gérard ! Ce sacré personnage est membre fondateur de notre association et s’implique depuis une dizaine d’année à la faire vivre. Un grand merci à lui pour son investissement et aussi pour avoir pris le temps de répondre à nos questions.

Vous avez manqué les précédents interviews des membres du CA 2024-2025 ? Voici ceux de François (notre prez), Sabine (notre trésorière), Mathieu (notre responsable boutique), Wlad (coordinateur REUF), et Christophe (responsable forum).

Peux-tu te présenter rapidement ?

Je suis une sorte de dinosaure extra terrestre du genre E.T. qui a été abandonné par les siens au siècle dernier vers 1950.
Quand je me promène dans la campagne française, je vois ici et là de nombreux vestiges de vaisseaux abandonnés qui viennent de la planète Zorglub – certains prétendent que ce sont des silos à grains mais je ne suis pas dupe – terriens rendez-vous, vous êtes cernés ! L’envahisseur de Bobigny sera bientôt le maître du monde !


Je m’explique : Dinosaure car j’ai travaillé 40 ans dans la même société dans laquelle je suis arrivé comme chimiste pour au final sortir comme informaticien, le genre de carrière qui n’existe plus aujourd’hui. On peut constater que la chimie et l’informatique ont certainement altéré mes capacités cérébrales car je tiens parfois des propos farfelus. Ma passion pour la moto et la mécanique date des années folles (1970). A cette époque on s’éclatait en Lambretta, Motobec, Norton, BSA, Terrot, Simson, MZ puis Guzzi. Très vite on ajoutera un panier à côté de la Guzzi (un Gep) qui sera modifié pour y loger les deux marmots (Renaud et Guillaume). Ensuite la famille des 4 barjots parcourront la France en long, en large et en travers.

Mon pseudo complet est « Zorgol le Troll » qui fut en fait le pseudo d’un de mes fils qui est passionnés de jeux de rôles. Je trouvais que ce pseudo me convenait bien car je me suis souvent trouvé en décalage avec mon époque et c’est de pire en pire, d’où ma conviction de ne pas appartenir à la planète terre.

Pourrais-tu nous retracer ton histoire d’amour avec le sidecar : as-tu été motard avant ? Comment et pourquoi en es-tu venu à ce véhicule atypique ?

J’étais motard avant même d’avoir le permis moto. J’ai commencé par dérober le solex qui trainait dans le garage de mes parents, puis j’ai réussi à avoir un Paloma Flash avec lequel j’allais au bol d’OR qui se passais au Mans. Mon ami d’enfance avait un Lambretta et j’étais passager. Nous parcourions la France entière, mon pote pilotait et moi je faisais le GPS avec une carte Michelin. Dès que j’ai eu le permis j’ai roulé sur des vieilles pétoires genre Motobec, Jonghi 125, BSA 250, Terrot 500 RGST et MZ 500 à moteur Rotax. De cette époque, il me reste la Jonghi !

Je suis toujours allé travailler en moto car c’était le seul moyen de pouvoir se garer dans l’enceinte de l’entreprise. Après avoir cassé la BSA et ma jambe droite, j’ai fait l’acquisition d’une Simson 250 (genre de BMW d’Allemagne de l’est) et c’est là que je suis devenu membre actif de l’AAMA (Amicale des Amateur de Moto Anciennes). A cette époque nous étions constamment en vadrouille pour participer à des rencontres de moto anciennes – bien sûr quand l’AAMA était le club organisateur je m’occupais du BBQ , mon surnom à l’époque était Vulcain ! Nous étions quelques fois de simples participants, notamment pour le rallye Paris-Bourges que je faisais avec une Norton 600. C’est à cette époque que je fut intronisé « Chevalier des gouteux de boudins de Prunier en Sologne ».

Mon arrivée dans le monde du sidecar c’est effectué naturellement quand Sylvaine, qui était punie dans la voiture balai avec les deux zorgolitos pour me suivre dans toutes mes escapades en moto ancienne, a suggérée qu’on pouvait peut-être ajouter un panier à notre Guzzi 850GT. C’est en 1978 chez un certain KRAJKA qui officiait rue des laitières à Vincennes que le deal fut convenu et traité en moins d’une semaine. On a roulé un max tous les quatre en hiver comme en été, en camping ou en gîte. La machine était chargée à bloc et passé Melun en partant de la banlieue sud de Paris c’était déjà l’aventure. Le pont a cassé 3 fois et les pannes étaient l’occasion de rencontre – sans le savoir je me préparais à rouler un jour en Ural.   

L’histoire de la passion des Ruskomobiles remonte à loin car au salon de la moto à Versailles dans les années 75 j’avais commandé un Dnepr qui n’est jamais arrivé… Alors quand j’ai appris que Jean Burdet vendait des Ural en 2004 je n’ai pas hésité longtemps à revendre mon Kyrnos/Yam. Diversion pour passer du coté obscur de la force. Je m’en suis servi pour aller au boulot tous les jours de 2004 à 2010 tout en pratiquant de modestes escapades, et au fil de l’eau, notre chemin nous a conduit dans le Puy-de-Dôme à Manzat.

Quels sont pour toi, les avantages et inconvénients d’un tel engin ?

Bossant dans la région parisienne, j’allais au boulot en moto solo et je me plantais régulièrement avec à chaque fois des bobos plus ou moins graves. Quand j’ai décidé de ranger les motos solo pour ne rouler qu’en sidecar, le rythme de mes galipettes s’est nettement amélioré. L’explication est simple : plus de gamelles dues aux freinages d’urgence – on dérape, on glisse mais on reste droit dans ses bottes. On ne se faufile plus entre les voitures, et à 60 Km/h on a l’impression de rouler à 120, ça calme. Le seul inconvénient est donc en fait un avantage : on ne peut plus se faufiler.

Peux-tu nous présenter ton ou tes sidecars (modèle, année,…) ?

A ce jour le garage abrite deux sidecars Ural à carbus des années 2004 et la Guzzi 350 de 1981 qui était la moto de Sylvaine mais qui est maintenant conduite par Guillaume. Mais nous avons eu notre phase de modernisme quand Guillaume à acheté sa Ural injection première génération en 2016 qu’il a rapidement offert à sa maman pour ses 70 balais. Il ne supportait plus les interviews systématiques à chaque sortie de la machine. Ensuite nous l’avons revendue pour acheter la même en version 2019 (injection 2ième génération) une belle machine avec quelques améliorations notables. Elle fut vendue à regret quand Sylvaine ne se sentait plus en capacité de conduire et préférait le confort du panier.

Fais-tu l’entretien du 3-roues toi-même, et surtout quel entretien ?

La première Zorgolette fut acheté en 2004 chez Jean Burdet qui fut le premier à proposer les « nouvelles 750 Ural » et j’ai commencé à apprendre à faire mes vidanges et l’atelier de Jean à Villeneuve-le-Roi faisait le reste jusqu’en 2011 où je me suis retrouvé à Manzat chez Est-Motorcycles pour changer les pignons de distribution. La machine avait 35 000 km, elle avait fait le Maroc en 2006 et n’était jamais tombée gravement en panne. Mais arrivée à Manzat elle n’est repartie que 4 mois plus tard car il a fallu refaire le moteur.

A partir de cette date, notre pratique de l’Ural s’est modifiée : étant à la retraite nous roulons un maximum et j’apprends avec Dan comment entretenir sérieusement cette mécanique. Les vidanges, le changement de pneus et différents réglages et le graissages sont les mamelles de l’Uraliste. Nous passions régulièrement à Manzat pour moult évolutions qui iront du Kit 850 au frein à disque, roues de HD et boite de vitesses 2020.


Ensuite, je suis surtout aidé par Wladimir et Jean-Yves pour toutes les étapes de grosses mécanique du genre on refait le moteur après avoir coulé une bielle. Bref pour l’entretien des Ural à carbus le réseau que représente l’association est très important (Wlad et JPA ont plus de stock que les concessionnaires) car malheureusement les pièces de rechange pour nos machines deviennent difficiles à trouver.

Tu as fait de nombreuses modifications sur ton Ural, peux-tu nous en dire plus ?

Sujet délicat car là encore je ne fonctionne pas selon la logique terrienne de l’époque actuelle car je préfère modifier ma machine pour l’adapter à mes besoins plutôt que d’en acheter une autre. C’est économiquement indéfendable mais c’est mon choix. Pour le passage au contrôle technique, on y réfléchit mais ce n’est pas gagné…

La liste des modifications (non exhaustive):

  • Circuit électrique Moto Gadget : plus aucun fusible
  • Batterie déplacée sur le châssis entre la moto et le panier
  • Selle police HD : confort garanti
  • Guidon Moto Guzzi : nécessité d’adapter les câbles de commande
  • Tableau de bord type Soyouz : juste pour le fun mais compteur GPS, plus besoin de câble
  • Roue à Bâton HD (conception Dan): plus de rayon qui casse et jantes Tubeless 
  • Frein à Disque AR conception Dan.
  • Boite de vitesse 2020 : douceur inégalée
  • Flector conception Dan avec une cassette type Volvo 4/4
  • Roue de secours sur l’avant du panier : poids mieux réparti
  • Porte bagage AR sur le panier en inox conception perso avec Wlad
  • Filtre à air K&N : gain de poids et montée en régime améliorée
  • Échappement 2 en 1 avec sortie type BMW R75 : ça respire
  • Double allumage : conception Jacky le roi du carbu (allumage type DevMoto)
  • Modif de la carburation par Jacky

Si je te demande ta liste de voyages, je pense qu’elle va être très longue…. donc pourrais-tu nous indiquer quels sont ceux qui t’ont le plus marqué et pourquoi ?

J’ai failli commencer par le Maroc en 2006 mais j’ai été forfait pour raison médicale et c’est Yom qui a fait le voyage avec un de ses potes.

La Mongolie : l’aventure Ural revival

La Mongolie en 2016 fut le déclencheur. En commençant par travailler pendant dix jours sur cinq sidecars Ural pour ensuite rouler à travers ce pays immense aux paysages magiques, on chope un virus qui n’a pas d’autre remède que de vouloir repartir. Tu peux lire nos aventures dans cet article ou sur le forum.

La preuve : l’année suivante nous voici parti pour visiter IRBIT : 

Un voyage de 42 jours, nous partons à quatre sidecars depuis la France, l’Autozug en Allemagne puis le ferry pour Helsinki. Nous retrouvons nos amis Finlandais puis passons la frontière Russe à Imatra. Nous avons rendez-vous avec Laurie de Ride N’Be à St Pétersbourg. Ensuite, c’est Laurie qui nous organise le voyage jusqu’à Irbit. Nous retrouvons quatre autres sidecars fournis par Vitali qui est notre guide Russe. Il suit le groupe avec la voiture balai et Sergueï son mécanicien. Chaque étape est une aventure et nous devons chaque soir contrôler l’état de nos machines pour garantir de pouvoir effectuer l’étape suivante. Plus de détails sur le forum de l’association.

En 2022 on se contentera d’une virée en Autriche : 

Comment voyagez-vous avec Sylvaine, ta compagne ?

Pour la conduite, la machine est construite à ma mesure et je suis le seul à la piloter. Cela n’a pas empêché Sylvaine de conduire son sidecar Ural EFI quand elle en a eu une, mais au final elle préfère être dans la panier.
Le voyage est préparé avec Gogol Map surtout pour définir les grandes villes à éviter et ensuite je programme le Garmin Zumo pour le voyage. En général on se prévoit des étapes de 250 à 300 km max avec des point de chutes en gîte ou petit hôtel, on ne rechigne pas à improviser si ça nous chante et Booking est bien pratique pour ça (surtout hors de France).
A plus de 70 balais, on prend notre temps et on apprécie surtout les routes de campagne et les lieux improbables. Le camping c’était avant quand on partait avec les zenfants, les trois couillus sur la Guzzi 850 GT avé le DBS et maman sur sa Guzzi 350 pour aller camper au bord du lac de Vassivière. On avait même une tente Igloo gonflable.

Que conseillerais-tu à quelqu’un qui veut conduire un sidecar ?

Beaucoup d’humilité, surtout quand tu commences à te sentir à l’aise et que tu crois maîtriser le bidule. Un sidecar est à la moto ce qu’un avion est à l’hélico – L’avion et l’hélico volent dans les airs mais ne se comportent pas du tout pareil, idem sur le bitume pour la moto et le sidecar.

Tu fais partie du Conseil d’Administration de notre Association Ural France :

Tu es l’un des membres fondateurs, peux-tu nous raconter les débuts de l’association ? 

L’association fut crée au mois de mai 2014 par une douzaine d’Uralistes qui se réunirent pour rédiger les statuts. La première assemblée générale fut tenue en septembre 2014 à Polminhac dans le Cantal. Cette AG fut le lancement de cette aventure qui dure encore aujourd’hui. Le poste de président m’a été proposé au départ, Mifink était trésorier, Marie secrétaire et Bruno avait créé le site web.
Quand Bruno s’est consacré à sa nouvelle activité dans la boulangerie, j’ai assumé le suivi du site web et du forum. Aujourd’hui Christophe et Marion font cela très bien ! Je suis resté longtemps président mais je suis content d’avoir passé le flambeau à Danny le Pirate, et ensuite c’est François alias Fanfan qui assume cette responsabilité.

Association URAL FRANCE 5 avril 2014

Quelle a été et est ta mission au sein du bureau aujourd’hui et pourquoi cet investissement ?

Après avoir été président, je suis maintenant vice-président, mon rôle consiste surtout à épauler Fanfan en cas de besoin mais il se débrouille très bien dans sa fonction. M’investir dans le fonctionnement de l’association est pour moi une chose naturelle, c’est un peu comme faire la cuisine quand on aime bien manger !

Quels projets et envies aurais-tu envie de développer au sein de cette association ?

Depuis que notre association a défini son siège social à Bujaleuf, je crois qu’il serait logique que notre association soit présente lors de manifestations locale comme :

  • le 8 mai 2025 : élection de miss bande à buj’ et cochon à la broche au parc du château
  • 15 août 2025 ( à confirmer ) : fête du lac

Pour cette année je vais prendre le relais de Wlad pour l’organisation de la REUF à Bujaleuf prévue le weekend du 26 au 28 septembre 2025.

—-> Retrouvez notre série d’interview des membres du Conseil d’Administration de notre Association Ural France

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