Travelstrom & Traveldouze : En route vers l’Alaska en Ural !

Voyager en sidecar Ural, c’est possible ? Mais bien sûr, c’est même une expérience jubilatoire ! En plus de pouvoir rouler sur n’importe quel type de terrain, l’Ural est un véhicule atypique générateur de rencontres et de sourires. Toujours pas convaincu ? Laissons place aux spécialistes du sujet : les voyageurs sidecaristes.

Un roadtrip en sidecar Ural à travers l’Amérique du nord

Laurence et Philippe, alias Travelstrom et Traveldouze (et membres de notre Association Ural France), ont eu la gentillesse de répondre à nos questions sur leur périple au Canada, aux États-Unis et particulièrement en Alaska. Vous pouvez lire leurs aventures, en sidecar et/ou moto, sur notre site internet ou leur blog www.travelstrom.canalblog.com, et suivre leurs péripéties sur Facebook, Instagram et Youtube.

Bonjour Laurence et Philippe. Pouvez-vous vous présenter rapidement, ainsi que l’itinéraire et la durée de ce voyage ?

Bonjour ! Nous voyageons depuis maintenant 15 ans avec chacun notre moto (2 BMW 1200 GS et GSA) qui attendent chaque année le top départ. Nous avions déjà écrémé l’Europe, l’Asie centrale (Russie, Kazakhstan, Ouzbékistan, Mongolie), avant de faire un voyage à travers l’hémisphère nord en 2019 (54 000 km dont ¾ en solo) pour Philippe. C’est d’ailleurs pendant ce tour du globe que Philippe a découvert l’Alaska. Depuis son retour, l’envie d’y retourner pour me faire découvrir la nature sauvage, ne nous a plus quittés.

Ce trip 2023 se compose de 3 étapes de 24 jours avec un total de 26 000 km

1ère PARTIE : Montréal – Seattle. Philippe a fait la route avec son meilleur pote Bruno dans le panier. Ils ont traversé par Niagara, longé les grands lacs, exploré les Badlands, le mont Ruchmore, Sturgis, Devil tower, Yellowstone, le lac salé de Bonneville, les montagnes de l’état de Washington, pour arriver aux alentours de Seattle. Lieu de rencontre avec Madina et Sergeï au siège de la marque Ural pour une grosse révision.

2ème PARTIE : Seattle – Anchorage (la pépite du voyage). Cette fois avec moi remplaçant Bruno dans le panier.  Au programme : la Colombie britannique, le Yukon, l’Alaska Highway, l’Alaska, la Dalton highway ; puis au-delà du cercle polaire avec Prudhoe bay et l’océan arctique ; et enfin Valdez, la route des glaciers et Anchorage. Arrêt en chemin chez Mickey et Muriel, concessionnaire Ural le plus septentrional à Delta Junction pour le changement des pneus et la grosse révision.

3ème PARTIE : Anchorage – Montréal. Philippe en solo a traversé le Canada puis le nord des USA pour éviter les gros incendies.

Pourquoi avez-vous décidé de voyager en side-car et notamment en Ural ?

La genèse : l’achat de ce véhicule a été réalisé car Philippe avait eu l’idée d’une traversée en sidecar sur la glace du lac Baïkal en Sibérie, en hiver. Malheureusement la situation géopolitique s’étant dégradée, ce projet n’a pas abouti… Nous avions aussi réfléchi à voyager avec une moto plus passe partout que nos grosses GS pour pouvoir rouler dans des conditions difficiles (météo capricieuse et terrain plus aléatoire). En tenant compte de nos contraintes de timing, il devient aussi difficile de négocier chaque année de longs congés avec mes employeurs.

Bref, le side-car c’est révélé être une évidence ! Il offre de la souplesse dans la durée du voyage. Philippe part avant, je le rejoins en avion pour profiter des pépites sur 3 semaines puis retour au boulot pendant que la bécane rentre par la route. L’Ural s’est rapidement détaché de l’offre du marché : garde au sol importante avec ses roues de 19 pouces, marche arrière et deuxième roue motrice pour se sortir de situation difficile si besoin.

Pouvez-vous nous présenter votre sidecar Ural nommé Choupisson et les modifications apportées pour ce voyage ?

Choupisson est un Ural Sportsman de 2021 (acheté en 2022), il a aujourd’hui 50 000 km au compteur. Voici la liste des modifications et accessoires que nous avions apportés avant de partir :

  • Capitons intérieurs
  • Arceau Barre appui tête
  • Crash barre avant panier
  • Porte paquet avant et roue panier
  • Ajout caisse à outil avant
  • Top case à la place selle passager
  • Amortisseurs SHOCK FACTORY
  • Pare bottes
  • Capteur de température huile moteur
  • Capteur température extérieure
  • Capteur de pression de pneus
  • Ajout des supports Rotopax

Électricité :

  • Prise panier pour différents équipements chauffants
  • Installation des warnings
  • Changement lumière phare avant
  • Phares sur le crash barre avant
  • Feu de position sur le panier
  • Coupe batterie
  • GPS
  • Déplacement des fusibles et des branchements derrière le phare avant dans un boitier entre le cadre et le panier

Comment avez-vous fait pour transporter le sidecar Ural sur un autre continent ? Quel est le budget ?

La moto a pris l’avion (Air Canada Cargo) par le biais de Motorcycle express. Il faut compter un budget de 10 000 € l’aller-retour pour le transport et l’assurance de 3 mois.

Conduisiez-vous tous les deux l’Ural ? Quels types de route / piste avez-vous empruntés ?

Sur les 26 000 km j’ai piloté 200km sur la Dalton et l’Alaska Highway. Philippe a assuré le reste. Les voies empruntées ont été du gros axe bitumé jusqu’à la piste en gravier, en passant par des cols très boueux.

Vous êtes plutôt hôtel confortable, nuit chez l’habitant ou bivouac ?

Nous appartenons à la team hôtel confort. Cependant, nous avons dû dormir dans des logements type algéco sur la Dalton, seul hébergement en dur du parcours.

Quelle était la routine d’entretien de votre sidecar Ural ? Avez-vous fait vous-même la maintenance / révision ?

Chaque soir, il y avait la vérification de l’état du sidecar avec resserrage de certains boulons, état des pneus, etc… Nous avons aussi respecté la routine préconisée par le constructeur. Deux passages chez les concessionnaires de Seattle puis de Delta Jonction, ont permis de faire les grosses révisions des 10 000 km. Le reste des vidanges intermédiaires et des maintenances ont été faites « maison« .

Le side-car est un véhicule atypique. Pouvez-vous nous décrire des anecdotes et/ou des rencontres marquantes liées à ce véhicule ?

Il y en eu plusieurs notables. Par exemple, nos échanges à la douane avec une femme qui n’avait jamais vu d’humain dans un panier. Ou les trois papys en vadrouille rencontrés sur la Dalton highway à Cold foot. Fan de sidecar, Pierre construit lui-même des paniers qu’il monte sur des Harley Davidson. Et surtout, la rencontre avec Mickey, Muriel et Marlène, sa maman, à Delta Junction pour la nécessité de changer notre pneu éclaté. Nous avons été marqués par la réalité de leur parcours et la rudesse de vivre en autarcie au centre de l’Alaska avec des températures de -50 °C en hiver. Ce fut un échange très intense et fort en émotion. Là, il ne reste que l’essentiel vital, le superflu n’a pas de sens.

Avez-vous subi des aléas mécaniques ? Lesquels ? ont-ils limité ou porté préjudice durant le voyage ?

L’éclatement du pneu arrière, nous a contraint à adapter notre itinéraire pour aller récupérer un pneu neuf. Cela n’a en rien compromis notre objectif. Nous avons géré autrement notre parcours. Ce fut l’opportunité de rencontrer Mickey et Muriel avant de passer le cercle polaire, ainsi que de caler au retour la révision des 10 000 km suivants en commandant par avance les consommables à remplacer. Voilà le seul principe que nous suivons et respectons : une galère = on gère on s’adapte ; l’essentiel est que nous soyons ensemble. Le reste n’a que peu d’importance.

Quels ont été vos coups de cœur durant ce voyage ?

  • La rencontre avec les légendaires Susan et Grant Jonhson créateur de Horizon Unlimited : un moment magique et simple à la fois.
  • La nature et la faune sauvage : émotions fortes entre émerveillement et frayeur quand notre route a croisé deux grizzlys, assis dans le fossé du bas-côté, qui ont suivi notre side-car du regard…
  • Être seuls au monde. Cette ambivalence – qui peut être le vrai Graal mais aussi faire surgir des angoisses – nous a accompagné sur toute la Dalton Highway.
  • Ces paysages incroyables fait d’horizons de montagnes enneigées et de routes droites à perte de vue à travers la forêt d’épinettes, entre toundra et taïga. Plus qu’un voyage une expédition au-delà du cercle polaire.

Quelles difficultés avez-vous rencontrées lors de ce voyage ?

Rien de notoire en particulier.

Finalement, l’Ural est-il un bon véhicule pour parcourir le monde ? Quels sont pour vous les avantages et les inconvénients du side-car ?

Il fut l’outil adapté qui a rendu ce voyage possible ! Les avantages : il convient parfaitement à l’articulation de notre manière de voyager. Cette bécane demande de l’adaptation et nous fait prendre notre temps sur les parcours. Les inconvénients : L’Ural manque un peu de puissance quand nous devons emprunter de grands axes très roulants et aussi, la fréquence des révisions qui reviennent très vite.

Repartiriez-vous à l’aventure avec votre sidecar Choupisson ?

Bah évidemment ! Pour certaines destinations, il va s’imposer en lieu et place de nos deux motos GS.

Antigun

Un grand merci à Laurence pour avoir assouvi notre curiosité à propos de leur road trip en direction de l’Alaska avec un sidecar Ural. Vous pouvez retrouvez les trois épisodes de leur aventure « Alaska nous voilà » sur notre site internet (récit de voyage). Si vous aussi vous avez fait un beau voyage en Ural et que vous souhaitez le partager, contactez-nous !

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