ROAD TRIP en Mongolie du 18 au 30 Août 2024 par le Louis 2/3

Les Pistes et les Nomades

La langue mongole est très difficile à prononcer pour un européen qui n’a pas le larynx habitué à produire correctement de tels sonorités mais j’ai noté phonétiquement ces quelques mots qui, même s’ils n’étaient pas prononcés de façon tout à fait exacte, faisaient leur petit effet :

• Oui : kim
• Non : ogouil
• Merci : bayarla
• Au revoir : bayar TA
• Un peu : tchoutchout
• Bon : amsté
• Bonjour : senbanou
• Yourte : guer

Première surprise lors de la perception des motos : ce ne serait pas des 150cc mais des 200cc. Elles ont environ 2000kms mais 3 sont neuves.

Coté look, nous voilà revenus dans les années 70 avec des minuscules freins à tambour et une fourche télescopique plutôt rudimentaire. Les jours suivants nous verrons partout des machines identiques en 150cc mais parfois avec d’autres marques pour seule différence.

Les pistes sont empruntées par toutes sortes de véhicules à moteur : des motos, des voitures dont les fameuses Toyota Prius particulièrement appréciées par les nomades, des petits camions et même des semi-remorques.
Le premier gué a été une formalité pour certains, source de stress pour d’autres et l’occasion du premier vidage de bottes. Un semi-remorque qui a passé le gué juste derrière nous aurait pu ramener notre exploit à une plus juste valeur mais peu nous importait car nous étions tous de l’autre côté et pas peu fiers…

De chaque côté de la piste c’est l’espace infini piqueté de quelques points blancs qui sont les yourtes des nomades. Et, de ci de là parmi l’herbe rase et les fleurs, on voit des troupeaux de moutons, chèvres, vaches ou chevaux en totale liberté.

A plusieurs reprises, au milieu de nulle part, nous avons trouvé des panneaux indicateurs sommaires qui nous ont laissé perplexes :

Il y avait des moustiques lors de notre premier bivouac mais pour les combattre un bon feu de bouses de vaches a été suffisant pour avoir un moyen écologique et sans odeur permettant de manger en paix.

Cet immense mausolée a été édifié à la gloire de chevaux célèbres où ils sont vénérés :

Au début du voyage nous avons vu quelques chameaux et, très loin, deux groupes de gazelles.

Le ciel n’a jamais était totalement vide car il y avait toujours une buse, un milan, un vautour ou un aigle à la recherche d’un repas.

Le bonheur absolu c’est lorsqu’un troupeau de chevaux se mettait à galoper le long de la piste en suivant notre convoi. C’était impossible à photographier et restera à jamais dans notre mémoire.

Dans ces endroits isolés on pouvait se croire seuls mais il y a toujours quelqu’un qui nous avait repérés. C’est ainsi que lors d’une pose nous avons vu arriver un nomade sur sa moto.

Après un premier contact discret nous lui avons offert un beignet et en retour il nous a invité à venir boire de l’airag dans sa yourte. L’airag est du lait de jument fermenté fabriqué chez lui dans une superbe outre traditionnelle.

Premier contact avec une yourte où là encore le traditionnel est mélangé au modernisme : la yourte de l’image d’Épinal est maintenant équipée de panneaux solaires alimentant batterie, télé et téléphones portables.

Premier contact avec une yourte où là encore le traditionnel est mélangé au modernisme : la yourte de l’image d’Épinal est maintenant équipée de panneaux solaires alimentant batterie, télé et téléphones portables.

Il nous est arrivé plusieurs fois d’avoir la visite de nomades à moto. Parfois seuls, parfois accompagnés d’un enfant ils s’arrêtaient tout près et nous observaient. Certains prenaient contact, d’autres pas et tous repartaient ensuite comme ils étaient venus.

Les villages et les petites villes sont constitués de quelques bâtiments administratifs en dur entourés des classiques habitats individuels comprenant yourte et cabanon entourés d’une palissade en bois.

Les cantines et les épiceries sont facilement reconnaissables :

Des rues en terre battue et un panneau parking devant le poste de police complètent le tableau.
Passée la dernière palissade c’est à nouveau l’immensité.

Trouver du carburant n’est pas un problème car dans chaque bourgade il y a 3 ou 4 stations-services (avec pompiste) où le carburant est quasiment au même prix : du SP80, du SP92 à 2400 tugrik le litre (soit 0,65 € le litre) et parfois du SP95 à 4000 tg (soit 0,92€ le litre).
Pour nous abriter d’un orage nous avions trouvé refuge dans une station-service et je voyais bien l’œil énamouré du jeune pompiste envers nos motos. N’y tenant plus, et sans demander la moindre autorisation, il en a démarré une, a accéléré avant de couper le moteur. Ensuite, toujours sans rien demander, il en en enfourché une autre pour aller faire des huit devant la station. Il est probablement devenu une célébrité locale après cet essai d’une 200cc.

Au fur et à mesure que nous prenions de l’assurance le passage des gués se faisait plus sereinement et les vidages des bottes n’ont plus été nécessaires.

Nous avons vu nos premiers yacks à 2400 m d’altitude

Puis nous avons ensuite passé ce grand gué à 2614m

Nous avions parcouru 600 kms lorsqu’une chaîne s’est cassée : en fait c’était le maillon rapide qui avait sauté et, comble de chance, nous avons retrouvé toutes les pièces sur la piste y compris la petite attache rapide.
Plus tard, une autre chaîne cassera pour de bon et sera remplacée par une de celles prévues dans le stock de pièces détachées.

Nous devions rejoindre le site des 8 lacs superposés réputé pour sa beauté et dont l’accès se fait habituellement par le lac le plus inférieur.
Pour nous, l’objectif était de les atteindre par le lac le plus haut (le lac Shireet) après avoir passé un col à 3000 m.
C’est vrai que depuis le col le paysage est superbe mais les moulins à prière et les ovoos (https://www.voyage-mongolie.com/informa … ulte-ovoos) revêtus de tissu bleu auraient dus nous inciter à une modestie toute bouddhiste car la descente vers le lac a été un grand moment tant la piste était caillouteuse, pentue et transformée par endroits en un véritable pierrier.

Camper au bord du lac a été une récompense bien méritée et c’est là que j’ai trouvé une plume d’aigle devant ma tente.

Hélas pour nous, le lendemain matin il a fallu rendre non sans mal cette piste dans l’autre sens et nous y avons été facilement dépassés par un Mongol et son passager sur une 150cc.
Les générations précédentes étaient celles de cavaliers réputés et aujourd’hui beaucoup ont troqué le cheval contre une moto avec laquelle ils ont la même efficacité. Nous avons assisté au rassemblement d’un troupeau de chevaux dans et autour d’un corral par un seul nomade à moto. Ce fut un beau spectacle de courses poursuites jusqu’à qu’il ne reste qu’un étalon pour faire de la résistance mais il a fini par rejoindre le groupe tant le motard était habile et rapide pour l’empêcher de prendre la poudre d’escampette.

Une fois passé le col notre bivouac a été installé dans un endroit magique où, sous le soleil couchant, les rondeurs du relief semblaient recouvertes de velours vert sur lequel étaient posées quelques yourtes et des troupeaux.

Nous étions déjà passés à proximité de yourtes et des chiens de très forte taille en liberté nous avaient bien fait comprendre qu’il ne fallait pas s’approcher davantage. C’est lors du bivouac près de ce gros rocher que nous pensons avoir compris le code : le travail de ces chiens est de protéger la yourte et ils le font très bien. En dehors de cette zone de sécurité ce sont de bonnes grosses peluches qui viennent se faire caresser et savent prendre la nourriture qu’on leur tend au bout des doigts sans nous manger la moitié de la main comme cela arrive parfois chez nous. Nous ne devons pas être loin d’avoir tout compris car plusieurs de ces chiens se sont approchés lors de nos arrêts et cela s’est toujours très bien passé.

C’est le plus souvent au passage des cols que nous avons vu un ovoo sur lequel étaient posées des offrandes que personne ne touche.

C’est lors d’un de ces bivouacs qu’il nous a été possible de goûter une spécialité locale inattendue : de la vodka obtenue après distillation de lait de chèvre. Blague où pas il y a quand même un petit arrière-goût…
Et toujours des fleurs, des chevaux et des yacks dans un paysage devenu plus boisé.

Après avoir parcouru 700 kms de pistes ce fut la vallée volcanique de l’Orkhon pour y admirer la cascade de Waterfall et avoir la surprise de pouvoir dormir dans une yourte après avoir pris un bain en amont de la cascade.

Encore quelques pistes et quelques bivouac avant que les pistes ne prennent fin entre Tserserleg et Karakorum l’ancienne capitale de Gengis Khan.

Nous avions parcouru 900 kms de piste et notre campement près de la rivière a permis baignade et feu de camp le tout agrémenté d’un beau coucher de soleil.

Liens de l’article d’origine sur le forum de l’Association Ural France rédigé par le Louis :
– Road Trip en Mongolie du 18 au 30 août 2024

A suivre…